Vous allez perdre le contrôle.
Waow. Il me semble que toutes les autres peurs pourraient se ramener à celle-là, et c’est pourquoi je l’évoque en premier.
Ce besoin de contrôle nous habite depuis tellement longtemps... En terme de “psyché collective”, il aura fallu résolument reprendre le contrôle (locus interne) pour que puissent émerger les Lumières et pour s’extirper des monothéismes (locus externe). La personnalité, le “soi” ou le “self” (selon l’obédience) peut alors se déployer et devenir l’élément central du fonds de commerce personnel. Fort de cette liberté, l’individu pilote alors son destin, mène sa barque, sort son épingle du jeu, crée sa réalité et impacte le monde comme il l’entend. Waow waow waow… On se croirait en plein séminaire de Tony Robbins!
Alors quoi? Lâcher le contrôle, laisser une plante “magique” ou “sacrée” prendre les commandes? Il y a de quoi flipper… C’est totalement à contrepied du paradigme sociétal dominant. L’illusion du contrôle, et de son pouvoir salvateur, est enracinée très profondément dans le matérialisme occidental.
Dans une perspective enthéogène, cette objection, cette peur, est particulièrement pertinente, et riche de sens. Elle pointe le cœur vibrant de la démarche. L’adulte fonctionnel, bien à sa place et bien dans ses papiers, n’a rien à faire au milieu d’une toma (nom que l’on donne aux cérémonies ayahuasca en Amérique du Sud). Il ne va pas s’abandonner et abdiquer de son aplomb, de sa sécurité et de son sens de la vie chèrement gagnés.
En résumé
Perdre le contrôle, lorsque l’on veut mener sa barque en adulte responsable, ça pourrait sembler être une mauvaise idée. C’est une prise de risque. Etes-ce le bon moment pour vous? Pouvez-vous regarder ce risque dans le blanc des yeux? Le risque de quoi d’ailleurs? De vous retrouver un peu à côté de vos chaussures, de ne plus être tout-à-fait à la même place après? L’intention explicite de perte de contrôle devrait être la principale motivation pour entamer une démarche enthéogène. Si la perspective d’un abandon de soi, d’une perte de contrôle, suscite une peur tétanisante, y aller n’est peut-être pas une bonne idée.
La semaine prochaine, la raison n°2: vomir, c’est beurk.